Y’a-tu kekun pour me parler ?
J’emprunte les paroles de Serge Fiori (Le monde est virtuel) pour vous causer de la solitude numérique et de comment, parfois, pour créer des liens, il suffit de presque rien…
C’est un soir tranquille dans un bar d’hôtel, la veille d’une conférence. Accoudée au long comptoir, je sirote un verre de vin et grignote une salade tout en révisant les notes de ma conférence L’Entreprise Tribu. Le lendemain, je parlerai du sentiment d’appartenance et de l’importance de créer des liens dans un congrès en ressources humaines.
Je cogite sur le manque de communication, sur les silos dans les organisations, sur les p’tits nouveaux qu’on gagnerait à mieux accueillir, sur les collègues qu’on ne connaît pas vraiment et sur le « chacun-pour-soi » virtuel. J’en ai d’ailleurs l’illustration parfaite autour de moi : le long du bar en U, les cellulaires pianotent à qui mieux mieux. Tout le monde est sur son cell, la tête baissée. La toune de Fiori joue en boucle dans ma tête : Chacun dans ses bebelles, chacun tout seul sur son cell/Tout seul, tout le monde est tout seul/Parti, tout le monde est parti/Si loin, tout le monde est si loin/J’m’ennuie… j’m’ennuie…
Puis, une idée saugrenue monte (la faute au Chardonnay !). Étant dotée d’une fibre sociale assez musclée, je décide de fabriquer une anecdote pour ma conférence. Allons-y pour une expérience de (re)connexion. J’ose lancer à voix haute un tonitruant « Y a quelqu’un qui a envie de parler ? », quitte à avoir l’air folle. J’assume. Étonnement autour du bar, léger malaise, puis, un monsieur âgé face à moi répond : « Oui, moi, je suis tanné d’être seul ! » Je traverse de son côté, assiette et verre en main. Les inconnus qui bientôt ne le sont plus se joignent à la conversation. Nous voilà une dizaine à refaire le monde !
Créer des liens, ça commence par un regard souriant
Cette expérience, je l’ai renouvelée à plusieurs reprises dans d’autres bars et restos, dans un autobus, un avion, un hôtel tout-inclus, au marché, à la pharmacie, dans mon nouveau quartier où je suis allée porter une carte de vœux des Fêtes à mes nouveaux voisins pour me présenter. Je me souviens d’une époque où certains dépanneurs affichaient près de la caisse un poème appelé Un sourire ne coûte rien. En fait, il ne coûte qu’une p’tite gêne à fracasser. Et je sais de quoi je parle : vous lisez le texte d’une ancienne (très) grande timide ! (Lire la suite de l’article…)