Comment tuer un rêve, puis le ressusciter
(Suite de Comment j’ai fait mon coming out inc. à 5 h du matin)
En octobre dernier, il semble bien que mes propos « d’insomnie identitaire corporative » aient réveillé plusieurs d’entre vous. Plus de 240 personnes ont partagé mon article Comment j’ai fait mon coming out INC. à 5 h du matin dans leurs réseaux, y voyant sans doute un écho à ce qu’ils vivent. En effet, de nombreuses confidences reçues en privé m’ont fait réaliser que je n’étais pas seule à devoir me réinventer. Plusieurs m’ont demandé la suite ; la voilà. En souhaitant qu’elle soit source d’inspiration !
Vidéo de la cérémonie
« Pour explorer la mer, il faut d’abord avoir le courage de quitter la rive. » C’est la pensée qui m’animait le 2 novembre dernier, lors des funérailles inc. de Concerta Communications, célébrées au restaurant El Zaziummm.
Moi, fille de rituels, j’avais envie (non, besoin !) de boucler de façon officielle — et festive — un long cycle de ma vie : 22 ans d’idées, de projets, de collaborations et de rencontres marquantes. Le Día de los Muertos mexicain était l’occasion parfaite : on regarde la mort en face, on commémore les disparus et on célèbre la vie pendant qu’il est encore temps. L’animation des funérailles a été confiée à la Calavera Catrina, personnage emblématique « immortalisé » par Diego Rivera, célèbre muraliste et mari de Frida Kahlo, d’après une illustration de José Guadalupe Posada.
Étape 1 : honorer le passé
Certains projets marquants des 22 ans de Concerta s’affichaient en images sur un panneau souvenir, qui comprenait aussi mon diplôme du « Ministère de la Réalisation ». Ce diplôme symbolique énonçait les « compétences transversales » acquises dans cette phase de ma vie et qui m’accompagnent dans la prochaine.
Vous en avez peut-être, vous aussi, des rêves qui sont pratiquement morts, mais que vous n’arrivez pas à enterrer ? C’était aussi le cas pour plusieurs des invités à ces funérailles festives, qui ont été conviés à « laisser aller des rêves » dans la zone Je me libère du Mausolée des souvenirs, puis à alimenter « le pot aux souhaits » pour dessiner un futur plus adapté à leur évolution.
Avant de passer au prochain chapitre, il faut énoncer ce qu’on laisse aller derrière soi, honorer ce qui fût, remercier pour les leçons apprises et nommer ce qu’on ajoute aux bagages du prochain voyage. Tel était d’ailleurs l’un des exercices proposés aux participantes du premier lab Prochaine Étape, que j’anime depuis le printemps avec Sophie Legendre, coach en gestion du changement.
Étape 2 : accepter la noirceur de l’entre-deux
Dans ce Mausolée des souvenirs étaient aussi encadrées des citations, dont celle-ci de Christine Caine : « Sometimes when you’re in a dark place you think you’ve been buried, but actually you’ve been planted. » J’y vois un peu le reflet de la « gestation symbolique » ou de « l’étape de marge » dont parlait l’ethnologue et folkloriste français Arnold Van Gennep dans son livre sur les rites de passage.
Dans le même esprit, les paroles de la chanson Revivre de Daniel Bélanger, sur l’album Rêver mieux : « Et je crois que tout arrive/Tout vient à/Qui sait mourir/Pour mieux revivre/Ce n’est pas sans peine/Je crois qu’on revient mieux/Après le deuil de soi-même. »
Incidemment, pendant les funérailles de Concerta, nous avons été plongés dans le noir, panne d’électricité oblige, assez longtemps pour qu’il se crée des liens spéciaux entre les invités, qui discutaient à la lueur des bougies. Et lorsque la lumière est revenue, je n’ai pu m’empêcher d’y voir une ode à l’espoir, au renouveau, à la lumière qui finit toujours par nous éclairer.
Étape 3 : ressusciter le rêve
Les convives ont également signé l’équivalent du « registre des visiteurs » que l’on retrouve habituellement dans les funérailles. Le témoignage reçu d’Isabelle Nadeau, cliente chez Lassonde, m’a particulièrement émue : « Concerta, c’est Chantal. Mais Chantal, c’est tellement plus que Concerta ! » Tout comme celui de Claude Poirier (Magnus Poirier) : « N’oubliez pas que trois jours après les funérailles, c’est le temps de ressusciter. »
Trois jours après les funérailles INC. de Concerta, c’était le 5 novembre, demi-finale du Coopérathon Desjardins, un « sprint d’innovation » dans lequel je m’étais lancée en solo le 12 octobre sans trop y réfléchir. Heureusement, car autrement, je ne l’aurais sans doute pas fait. Comme disait Mark Twain, « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ! ».
Quelques jours après la demi-finale, j’apprenais — avec l’équipe que j’avais créée de toutes pièces — que nous étions deux fois finalistes pour notre plateforme de (re)connexion Créateurs_de_liens ! Pas mal pour des gens qui ne se connaissaient pas trois semaines avant ! Encore une fois, mon client chouchou avait raison : lorsqu’il a su que je « tuais » Concerta, Marcel m’a dit : « Ne t’inquiète pas pour ton avenir. Lance-toi et cherche les gens. Et le bon projet apparaîtra. »
Depuis des années, je cherchais une manière de faire cohabiter la communication organisationnelle et les connexions amenées par les rituels. Pourtant, la réponse était sous mon nez. Sur la carte professionnelle de Concerta Communications, il y avait une signature : Créateurs de liens. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », a dit Antoine Laurent de Lavoisier, l’un des fondateurs de la chimie moderne.
Bienvenue aux Créateurs_de_liens !
Lors des funérailles inc., j’ai demandé à mes invités de créer une longue chaîne formée des bouts de fil rouge distribués par la Calavera Catrina. En storytelling, le fil rouge est ce qui relie l’histoire, c’est le chemin narratif, ce qui lui donne un sens. Cela illustre bien sûr le travail d’équipe, mais aussi l’importance de « boucler ses boucles » pour passer à autre chose. C’est donc à titre de Créatrice_de_liens que je poursuis ma route.
Mon précédent article se terminait sur une note biblique : la toune de confirmation Partons à l’aventure et le tour de catamaran avec Jésu, GO en sports nautiques à Cuba. Cet article-ci n’est pas en reste : après les funérailles de Concerta et sa résurrection trois jours plus tard avec Créateurs_de_liens, je quittais pour le Paradis(us) de Cancún, au Mexique (bien sûr !). M’y attendaient Moïse, ange gardien du service royal où j’ai été surclassée gracieusement, et Simeon, pasteur roumain qui m’a presque donné envie d’entrer en religion !
Non, je ne créerai sans doute pas une église, mais une communauté, ça oui, qui regroupe des gens animés d’une même volonté : agir sur les organisations et l’humain pour un monde (re)connecté. Ça vous dit ? Contactez-moi !
Merci à Élodie Paquette, qui personnifie la Calavera Catrina.
Crédits photos : Francine Laporte