Comment j’ai fait mon coming INC à 5h du matin
L’insomnie a parfois de ces façons malpolies de nous « shaker » jusqu’aux tréfonds, jusqu’à la moelle des choses. Assez pour me donner le courage de m’installer dans mon lit, en pleine nuit, pour affirmer ce qui me déchire par en dedans depuis longtemps, pour accepter enfin les nombreux signaux, le long de l’autoroute, qui me disaient de changer de voie, pis ça presse ! Récits des messages que je n’ai pas su (voulu) voir.
Vous aurez compris que je ne causerai pas de mon orientation sexuelle. On va plutôt jaser bizness et « affirmation de soi inc. » Mais il fallait bien attirer votre attention ! Ceci dit, la fille de mots que je suis en a marre du clickbait. On essaie de faire des contenus songés, fouillés, profonds, mais ce sont les titres « appâts » qui se méritent le clic. Bref.
Non, je fais plutôt mon coming out inc., mon coming out corporatif. C’est la nuit où j’ai décidé de « tuer » ma compagnie et d’organiser ses funérailles le mois prochain. Ce sera « gai ». On fêtera ça le 2 novembre, lors du Día de los Muertos (le Jour des Morts). Mais avant de vous en parler, récit d’une mort annoncée.
Mes vers d’oreille inc.
Vous savez, ces p’tites maudites tounes ou jingles qui prennent du temps d’antenne dans votre tête ? Voici les réflexions qui me hantent depuis trois ans et qui ont décidé de faire la danse en ligne dans ma tête cette nuit.
1. Le client qui me pose « La question qui tue »
De retour de Québec, sur la 20, je sirote mon café en rebrassant ma conversation avec Marcel. Mon client chouchou (chut, j’veux pas faire des jaloux !) m’annonce qu’il vend sa compagnie, reconnue pour ses pratiques RH inspirantes. Il me remercie d’y avoir contribué et m’assène la question qui « tue » : « Toi, comment ça va finir, Concerta Communications ? Tu vas vendre, tes enfants vont continuer ou ça va mourir avec toi ? »
Comment vendre une entreprise dont tu es le moteur ? Concerta, c’est moi. C’était moi. Si quelqu’un a une idée ou veut faire une offre, I’m all in. Oui, il y a la « tribu » qui m’accompagne depuis des années. Mais ces collaborateurs autonomes sont des êtres libres qui ne peuvent être « offerts en prime » à l’achat de Concerta.
J’ai aussi eu jusqu’à cinq employés, avant mon (premier) divorce. Quand tu es seule à faire du développement d’affaires, c’est difficile de faire des pitchs de la mort quand t’as juste le goût de te rouler en petite boule dans ton lit et de pleurer une illusion romantique. Alors depuis, ma « tribu » est virtuelle.
2. La Vice-Présidente de CA qui voit (bien trop) clair dans mon jeu
À titre de Présidente du conseil d’administration de Femmessor Montérégie, j’en ai remis beaucoup des fleurs et des plaques honorifiques. J’en ai fait des tonnes, des discours inspirants de remise de prix dans des galas. Mais voilà, c’était pas mal mon principal talent, disais-je, en blague, aux membres de mon CA.
C’était avant la fusion des 17 organismes régionaux en une seule entité. Or, un organisme dédié au financement menacé dans sa survie demande des compétences pointues en finances, un bac en affaires politiques et gouvernementales et une « maîtrise » en gouvernance. Les raisons pour lesquelles on avait fait appel à moi en 2010, comme fille d’idées, de mots et de gens, n’existaient plus en 2014. Cela commandait désormais une expertise différente de mes talents qui sont Futuristic — Strategic — Ideation — Input—Connectedness.
Pour constituer la meilleure « équipe de feu », tous les membres du CA ont passé le même fameux test du StrengthsFinder. Être présidente d’un CA en pleine turbulence a été une pépinière de leçons de vie.
C’est la vice-présidente d’alors, Hélène Demers, de Scène Éthique, qui m’a fait comprendre mon véritable rôle inc., en lunchant un midi : « Toi, t’es payante quand tu penses, quand tu mijotes des idées. Ce que tu as besoin, c’est d’une gérante ou d’un DG qui t’aide à atteindre ta vision. Quelqu’un qui va se battre pour toi, mais qui t’aime assez pour savoir te brasser quand c’est le temps. » Pour tout vous dire, j’envie Ricardo d’avoir « sa » Brigitte Coutu, comme il le raconte dans la revue Gestion.
3. Le cadeau « mal emballé » dans lequel se cachait l’une des plus belles alliances de ma vie. Martin Ducharme déteste quand je raconte cette histoire, mais c’est pour vous dire comment la vie, parfois, a de meilleures idées pour nous.
Martin m’a été « imposé » par une cliente dans le cadre d’un projet. Je l’ai rencontré un midi où nous avons causé de tout et de rien, histoire de mieux nous connaître. Nous lisions le même livre, Replay, où un homme revit sa vie sans cesse. Ç’a été le coup de foudre professionnel et amical. Pendant les dernières années de remises en question, Martin a été à mes côtés. Que de souvenirs, dont cette mémorable virée à New York en auto pour assister au World of Business Ideas.
Parlant de « jasette de char », Martin m’a un jour dit : « Tu es la conductrice, tu n’es pas le véhicule. Concerta, c’est seulement un moyen d’atteindre ta mission. Tu peux te réinventer. » Alors voilà, je me (ré)réinvente.
Partons à l’aventure, la toune de confirmation.
Ceux de mon âge se rappelleront Partons à l’aventure, cette chanson qui accompagnait notre cérémonie de confirmation.
Ce « ver d’oreille » m’est revenu il y a deux ans, lors d’un voyage à Cuba. J’allais prendre la mer en catamaran avec Jésus. (Ça ne s’invente pas ! Le moniteur s’appelait vraiment Jésu !)
La chanson se concluait par « Au bout du chemin, nous attend la fête ». Alors, faites-moi signe si vous voulez vous joindre à nous le 2 novembre. On va fêter mes nouvelles aventures (dont je dessine les plans en ce moment). Tant mieux si elles vous inspirent le courage d’aller vers les vôtres